.png)

Les Amis de la Forêt du Gâvre
Du constat à l'action : les AFG
Nous avons créé l’association des Amis de la Forêt du Gâvre (AFG) suite à un certain nombre de constats effectués en forêt ces dernières années.
Notre objectif est d’agir, dans un esprit constructif, afin que les évolutions particulièrement négatives que nous observons et dénonçons prennent un tout autre cours, plus conforme aux attentes actuelles des populations et aux impératifs d’un changement climatique bien réel comme d’un appauvrissement majeur de la biodiversité lui aussi bien réel. Il est d’une impérieuse nécessité que l’on revienne à une gestion nettement plus équilibrée qui, seule, permettra de mieux prendre en compte les intérêts à long terme du massif forestier et de ses différents usagers, et tout particulièrement de ceux qui sont de très loin les plus nombreux : tous ces citoyens que nous sommes et qui, ensemble, forment le grand public. Que nous habitions les communes les plus proches du massif, la grande métropole nantaise, les autres communes de Loire-Atlantique ou que nous venions de plus loin encore, y compris de l'étranger, nous avons tous le souhait d'exercer des activités de loisir et de détente dans un cadre forestier de qualité, dans une vraie forêt où la Nature est respectée et sa biodiversité préservée dans toute sa richesse.
Nul besoin, en vérité, de fréquenter assidument la forêt du Gâvre, voire même de la connaître, pour s’y intéresser et vouloir la défendre : la forêt est l’affaire de tous, a fortiori s’agissant d’une forêt domaniale.
Nous ne sommes pas en lutte contre l’ONF en soi, mais contre ses dérives, contre ce que cet EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial) est devenu et ce qu’il tend à devenir, glissant toujours plus ouvertement vers une privatisation de la forêt publique que dénoncent d’ailleurs nombre de ses agents, en particulier de terrain, qui reconnaissent de moins en moins leur métier et leurs missions. Ces personnels partagent à juste titre nos inquiétudes et nous partageons les leurs.
La Forêt du Gâvre n'est évidemment pas le seul massif à connaître une évolution « productiviste » de sa gestion. Il y a désormais suffisamment d’études, de rapports, d’articles, de livres, d’émissions, de vidéos, de films pour que tout le monde sache ce qui se passe et soit au courant de cette situation désastreuse. Une masse d’informations qui ne cesse de croître, pour une prise de conscience toujours plus large et éclairée, pour une volonté toujours plus déterminée de changer le cours des choses.
L’on peut citer, à titre d’exemple, ce passage tiré de l’introduction du très éclairant livre de Gaspard d’Allens, Main basse sur nos forêts :
« Pendant mes reportages, ce que j'ai vu, ce sont des machines tout droit sorties de films de science-fiction qui arrachent les arbres en quelques secondes et les taillent au scalpel. Des scientifiques qui testent des arbres génétiquement modifiés. Tout un système industriel s'est greffé sur le secteur sans qu'on y prenne garde.
Et les forêts ont subi, avec quelques années de retard, les mêmes dérives que l'agriculture productiviste. Elles se sont métamorphosées en champs d'arbres que l'on moissonne comme du blé, en monoculture, avec un sol labouré, sous perfusion d'engrais et de produits phytosanitaires ».
Si bien des forêts françaises, y compris domaniales, subissent plus durement que la Forêt du Gâvre les effets désastreux du productivisme forestier (notamment dans l’Est), ce n’est pas une raison pour, ici, ne rien faire et attendre que les choses empirent encore.
Les AFG entendent être une force de proposition soucieuse de l’intérêt général et, à ce titre, particulièrement vigilante en matière de gestion forestière et de biodiversité, au bénéfice de tous.

TRAVAUX FORESTIERS EN FORÊT DU GÂVRE
PAS D’ECLAIRCIE SUR LE FRONT DES COUPES
Plusieurs sociétés prestatrices de travaux forestiers interviennent régulièrement dans le cadre de l’exploitation forestière de la forêt du Gâvre, en fonction des marchés obtenus et des contrats passés avec l’ONF.
I
Ces chantiers doivent naturellement suivre et respecter un certain nombre de règles et s’opèrent dans un cadre réglementaire spécifique que rappellent en particulier, et fort utilement, les deux documents synthétiques suivants établis, pour le premier, par l’Inspection du Travail des Hauts-de-France (rappelons au passage que les DIREECTE sont devenues les DREETS…) et, pour le second, par l’ONF lui-même (documents également référencés en page Se Documenter) :
Hygiène et sécurité sur chantiers forestiers et sylvicoles – Direccte Hauts-de-France, Ministère du Travail – Janvier 2019 (PDF 8 p. téléchargeable)
Cahier national des prescriptions des travaux et services forestiers (CNPTSF) – ONF (parution 2020, PDF téléchargeable 60 p.)
Ces documents méritent naturellement la plus grande attention, tout particulièrement de la part des professionnels du bois concernés, qui doivent être d’autant plus informés et sensibilisés que ces personnels exercent des métiers à risques, particulièrement sujets aux accidents du travail.
II
Ceci étant dit, nous vous proposons ci-dessous, à titre d’exemple, le suivi photographique d’un chantier parmi d’autres (dans le secteur de la Maillardais, parcelle 82). Un chantier que l’on peut qualifier de très classique et d’une ampleur relativement modeste. Celui-ci est d’autant plus révélateur de « ce qui ne va pas » dans des travaux de ce type, en l’occurrence des coupes d’éclaircie. En tout cas, ce qui ne va pas dans le cas d’espèce, car la particularité du secteur est d’être traversé par une petite rivière que la route D35 franchit par un pont qui conjugue utilité et pittoresque (avant que la route ne passe devant l’aire de stationnement de la Maillardais où se trouvait jadis la petite gare du même nom, puis ne sorte de la forêt à deux pas de la bien nommée Auberge de la Forêt).
Comme en attestent les nombreux clichés pris à intervalles réguliers entre la 2e quinzaine d’octobre 2021 et la mi-septembre 2022, le moins que l’on puisse dire est que l’entreprise concernée (la société Sylva Ouest, sise à Trémorel, dans les Côtes-d’Armor) a fait bien peu de cas du cours d’eau en question et a, ce faisant, occasionné des dérangements et des perturbations d’une ampleur tout à fait significative, qu’il s’agisse de l’aspect paysager, de l’aspect écosystémique ou de l'aspect hydrologique.
Il convient également de constater combien le sous-bois harmonieux, où promeneurs et animaux forestiers pouvaient aller et venir sans difficulté particulière, est devenu un véritable champ de bataille ou un cimetière (c’est selon), où l’on ne compte plus les amas et enchevêtrements de branches et de troncs laissés là à leur triste sort mois après mois, et pour très longtemps.
L’on notera également que, très classiquement, les mentions figurant sur l’affichage réglementaire du chantier sont des plus minimalistes (et de plus en plus au fil des mois…).
Il est urgent d’intervenir sur le site afin que le cours d’eau soit enfin dégagé et qu’il puisse retrouver son flux normal, dépourvu d’obstacles, d’amas, de troncs et de branches abandonnés là avec une condamnable désinvolture.
Notons en particulier que des branchages avaient évidemment fini par s’accumuler au point de passage de la rivière sous le pont routier. Ceux-ci (et ceux-ci seulement) ont tout de même fini par être enlevés, mais bien tardivement, avant la fin de l’été, en anticipation des travaux de consolidation opérés courant septembre 2022 sur la maçonnerie entourant le pont.
La sécheresse estivale qui a sévi cet été et a mis à sec le lit de l’ensemble des ruisseaux et des rivières de la forêt (hormis quelques rares mares ou flaques) a justement permis de prendre mieux encore toute la mesure du grave trouble ainsi apporté au cours de cette rivière par les coupes d’éclaircie pratiquées dans ce secteur – lesquelles, au vu du résultat, doivent être jugées avec toute la sévérité qui s’impose.

Pont en bois




Pont routier




Lit encombré de la rivière




Lit asséché de la rivière




Sous-bois






La Transgâvraise
Ce n’est pas encore la Transamazonienne, mais ça commence diablement à y ressembler !
Il y a de quoi en douter, mais vous êtes bien sur ce qui est censé être une allée forestière, en pleine forêt du Gâvre. Il s’agit en l’occurrence de l’allée forestière du Pont de Curun, dans le secteur sud-ouest du massif du Gâvre.
Les mauvaises langues diront que cette chaussée est un tantinet déplacée et surdimensionnée pour une forêt – certes la plus grande de l’Ouest – qui ne fait que 4500 hectares. Et les esprits chagrins s’étonneront que l’on ait pu laisser faire un pareil projet de travaux publics dans une forêt domaniale, publique donc. D’autant que c’est la seule forêt domaniale du département et que (comme expliqué par ailleurs) il est plus que temps d’en finir avec la priorité donnée à l’exploitation forestière dans ce massif, alors que les vraies priorités sont ailleurs et que la métropole de Nantes-Saint-Nazaire et ses plus de 800 000 habitants se trouvent à tout juste 30-40 km de là.
Un changement de paradigme et une nouvelle donne sont dans l’ordre des choses pour ce qu’il faudra bien désormais considérer comme une forêt suburbaine et gérer comme telle.
Mais que nenni ! Il ne faut pas hésiter, n’est-ce pas, à mettre le paquet lorsqu’on est décidé à faire droit à toutes les outrances de la sylviculture industrielle et que de l’argent public est disponible et mobilisable pour un si louable dessein. Il faut bien que ça dépote sans perte de temps et sans risques pour le matériel, que les lourds engins abattent leur ouvrage et que les grumiers emportent leurs victimes avec toute l’efficacité attendue de l’exploitation moderne d’une usine à bois.
Voilà qui mérite bien de mettre ici résolument en sourdine les enjeux liés à la biodiversité forestière et à l’accueil du public, aussi prégnants et cruciaux soient-ils !
Ne doutons pas, en tout cas, que les citoyens, négociants et légionnaires qui fréquentaient à l’époque gallo-romaine les petits thermes de Curun (Curin)* étaient loin d’imaginer qu’un jour un tel travail de Romain serait engagé quasiment en ce même lieu pour la construction d’une Transgâvraise dont le caractère rectiligne est assurément digne d’une voie romaine. Une voie qui nous laisse aussi pantois que consternés.
Et d’autant plus inquiets qu’un projet largement similaire apparaît programmé pour le secteur du Pilier où le massacre a déjà commencé et où l’on trouve – pour combien de temps encore ? – une grande partie des arbres les plus vieux et les plus majestueux du massif, lesquels sont déjà bien peu nombreux (« carence en desserte relevée sur le canton du Pilier qui nécessiterait la réalisation d’un accès grumier ainsi que l’augmentation de la surface de stockage », « les dépenses d’infrastructure devront être revues à la hausse compte tenu du besoin sur le canton du Pilier »).




* Ce sont les recherches de terrain de notre grand érudit blinois Louis Bizeul (1785-1861) et de son digne émule Léon Maître (1840-1926) qui ont permis de (re)découvrir que, jusqu’au déclin de l’Empire romain, Blain fut un nœud de communications important où se rejoignaient pas moins de dix routes (selon un axe sud > nord et un axe est > ouest), gages d’une prospérité commerciale certaine. Leurs travaux vinrent à point nommé, alors même que nombre d’éléments anciens allaient bientôt disparaître à jamais ou être irrémédiablement abîmés et oubliés (si ce n'était pas déjà le cas) sous les coups de la modernisation de l’agriculture et des moyens de communication.
La voie impériale qui menait d’Angers (Juliomagus) (par Ancenis > Nort > Blain) à Brest (Gesocribate) en passant par Vannes (Dartoritum) se calqua largement sur l’antique voie celtique, de sorte que jusqu’à la pointe sud du massif forestier elle ne faisait qu’un avec la route qui conduisait à Port-Navalo et au golfe du Morbihan (en Blain : actuelle rue Bizeul > La Paudais > La Croix-Morin > La Chaussée > L’Abbaye (L’Abbouie) > Curin [RN 164]). Cette chaussée unique traversait la lisière de la forêt dans le secteur de Curin (Curun) et en ressortait un peu au-dessus de la ligne (route forestière) de Careil (Carheil), après quoi elle se divisait en deux voies :
- la route qui passait par : Rozet (Rozay, en Plessé) > Pont de Beaumont (ruisseau de Beaumont) > Beauvallon > Fégréac (landes entre château/moulin du Dréneuc [de Dreneuc] et village de Fégréac) > Rieux (Duretie, franchissement de la Vilaine et passage au pied du château) > Allaire > Vannes ;
- la route qui passait par : Landes des Jarriais (Jariais, en Blain, au nord de La Touche, lieudit situé au bord de l’Isac) > moulins du Breil (Le Breil) > Landes de Peslan > Pont-Noé (Pont-Nozay) > Notre-Dame-des-Grâces (Grâces/Grâce, en Guenrouët) > Saint-Gildas-des-Bois (à l’ouest de l’abbaye) > Missillac > Ferel (Férel, passage de la Vilaine) > Port-Navalo (entrée est du golfe du Morbihan).
Les thermes de Curun (Curin), d’ampleur modeste, mais néanmoins suffisamment importants pour être considérés comme publics, étaient fréquentés par la classe gallo-romaine de la petite agglomération blinoise de l’époque, laquelle pouvait également se restaurer dans une hôtellerie adjacente. L’on peut penser que le lieu fut également fréquenté par un petit contingent de légionnaires possiblement stationnés à la bifurcation stratégique susmentionnée (traces d’un périmètre triangulaire fortifié). N’est-il pas avancé que l’armée romaine, César lui-même à sa tête, traversa Blain lors de son expédition pour défaire les Vénètes et que ce secteur de Curun aurait parfaitement convenu à l’établissement d’un campement ?
De fait, la configuration des lieux – avec la confluence du ruisseau de la Fontaine Bily (Billy) et du ruisseau du Fresne, et un coteau exposé au sud, protégé des vents du nord et offrant un large point de vue jusqu’au Sillon de Bretagne – se prêtait fort bien à l’établissement de ces thermes, à deux pas d’un axe de passage majeur et à quelques kilomètres seulement de Blain.


C’est un bien triste constat en forme de plaidoyer que nous livre ci-dessous, au fil de ses réflexions et de son ressenti, l’un de nos membres, Dominique Cadorel, qui, comme tous nos adhérents et l’écrasante majorité de nos concitoyens, a mal à « sa » forêt, cette forêt qu’il aime tant et qui est devenue de plus en plus méconnaissable…
PLAIDOYER POUR LA FORET DU GÂVRE
Depuis que j’habite Le Gâvre, j’ai appris à connaître et aimer davantage encore la forêt.
C’est en me promenant régulièrement en forêt que j’ai constaté le triste spectacle muet
des dégâts causés par l’exploitation de ses arbres, notamment des chênes.
Tout semble calme en forêt du Gâvre, de temps en temps des bruits de tronçonneuse sont perceptibles,
et puis à nouveau le calme.
Quand on repasse, on est surpris, il n’y a plus d’arbres...
Des chantiers soutenus d’abattage se sont accélérés d’année en année.
J’ai voulu savoir ce qui se cache derrière les arbres, tenter de discuter avec des bucherons.
D’où mon envie d’écrire ce plaidoyer et de le faire partager.
La forêt du Gâvre est le poumon vert de la Loire-Atlantique, un sanctuaire naturel préservé, en apparence du moins.
C’est l’endroit des promeneurs en tout genre, des familles venues, à la quiétude de ses arbres, se ressourcer, rêver, s’aérer, écouter le chant des oiseaux, tenter d’apercevoir quelques biches ou chevreuils. On y pratique aussi de la thérapie par les arbres, la rando lyrique.
On peut se dire que tout va bien dans le meilleur du monde.
La fonction première dévolue à cette forêt, comme à toute forêt domaniale, est de servir à l’exploitation du bois. Mais la priorité est désormais à la rentabilité immédiate, comme l’illustre bien la surexploitation du chêne. Une exploitation qui fait fi de toute autre considération.
Orchestration du dépeçage des bijoux de famille : le chêne
L’ONF est chargé de cette exploitation
Au cours de mes promenades, j’ai tenté de parler avec des bucherons quand ils n’étaient pas trop éloignés. Certains parlaient facilement, mais très peu.
Voilà ce qui en ressort.
Le chêne en voyage organisé en Chine
La mode est de prélever les chênes pour qu’ils soient expédiés dans les usines chinoises afin d’y être transformés en parquets...
Pas de panique, leur séjour touristique terminé, ils reviendront en Europe et en France, vendus dans des enseignes de bricolage.
Le tour-opérateur propose un voyage tout compris :
Un chêne abattu en forêt du Gâvre part en Chine : il reviendra en France transformé en parquet et trouvera sa place dans une maison gâvraise qui jouxte la forêt. C’est un cercle vertueux !
La fabrication de tonneaux pour la planète Vin
Le chêne français sert à la fabrication de tonneaux à vin pour la France et, avec la mondialisation,
pour les vins produits dans d’autres régions du monde, notamment aux Etats-Unis.
Le chêne américain ne délivrant pas les bons tanins, eh bien, on prend le chêne en France…
La France étant une patrie du vin au savoir-faire ancestral, le tonneau de chêne français est une garantie de luxe pour le vieillissement du vin.
Vendus très cher, les « troncs de chêne » seront expédiés aux Etats-Unis, puis transformés sur place en tonneaux pour recevoir le précieux breuvage.
Au Portugal aussi, l’on déguste de bons vins rouges, sur l’arrière de l’étiquette est précisé « vieilli en fût de chêne français ».
Un tonneau en chêne pour le vin a une durée de vie de 4/5 ans maximum. Il faudra ensuite songer à le renouveler. Certes, on peut l’expédier en Ecosse et en Irlande pour le whisky où il pourra finir sa carrière de tonneau pendant encore cinq ans.
Voyons le ratio… Durée de vie 4/5 ans, alors qu’un chêne grandit en 150/200 ans...
Il va falloir continuer à abattre du chêne à un bon rythme pour fournir en tonneaux la planète vin...
Que faire pour remplacer les tonneaux en chêne pour l’élevage des vins de prestige ???
Je ne sais pas...
L’ONF et la filière bois ont tout prévu
A ce rythme effréné, il n’y aura bientôt plus du tout de chênes en forêt du Gâvre comme dans toutes les forêts domaniales de notre belle France.
Il faut 200 ans environ au chêne pour qu’il soit exploitable en bois d’oeuvre, mais avec la pression de la demande, on les abat dorénavant à l’âge de 150 ans.
Nos forêts françaises de feuillus qui sont un bien commun sont en train de disparaître sous nos yeux.
Passer sur un chantier forestier d’abattage de chênes, c’est traverser un champ de bataille, tout un écosystème dévasté à jamais.
Quand on aura fini de dépecer ces beaux bijoux de famille, on n’attendra pas 150 ans pour retrouver une rentabilité, c’est beaucoup trop long.
Que faire pour remplacer le chêne ? La solution : la monoculture du résineux.
LA TRANSITION « VERTUEUSE » : DU FEUILLU AU RÉSINEUX
L’on chante
« Mon beau sapin, roi des forêts,
Que j’aime ta verdure !»,
Mais quel bien mauvais rôle fait-on jouer à ces pauvres sapins !
C’est du bois qui pousse vite et ça nous sert pour des constructions industrialisées, meubles et panneaux en agglomérés. Il est certain que cela répond à une demande très forte d’agglomérés,
mais il ne faudra pas que le résineux remplace le chêne.
Nos forêts se transforment en stock de résineux prêts à l’emploi, au diamètre idéal de 30-40 cm pour les scieries modernes.
A ce rythme, dans cinq ans, restons optimiste, moins de dix ans, nos ancestrales forêts
de feuillus seront devenues des alignements de résineux, des supermarchés du bois, avec toute une biodiversité associée aux feuillus qui aura disparu, pas un chant d’oiseau, un manque de vie.
Les pays nordiques (Finlande, Suède et Norvège) produisent industriellement du résineux pour les scieries modernes. J’ai entendu dans un documentaire TV (« Le Temps des Forêts » me semble-t-il, sous réserve) que certains s’en alarment même.
« Laissez-nous produire du sapin dont la production est bien adaptée à nos contrées froides où
nous avons suffisamment d’espace et vous, gardez vos forêts de feuillus ».
Bon, c’est peut-être parce qu’ils veulent conserver le monopole sur le résineux…
Qu’allons-nous laisser à nous-mêmes et aux générations futures ?
Quand les médias abordent le sujet de la filière industrielle du bois, on entend dire que la forêt française se porterait bien et qu’elle recouvre même 1/3 du territoire. En réalité, ce sont les plantations de résineux qui augmentent et gangrènent le paysage. Les feuillus sont remplacés par de la monoculture de résineux. Il n’y a plus d’équilibre, c’est ce qu’on nomme « la mal-forestation ».
PROMENONS-NOUS
EN
FORÊT DU GAVRE
(novembre 2021)
La Croix du Chêne de la Messe
Pour la déco, on a bien laissé quelques feuillus, mais tout autour ce n’est plus ça qui pousse.
On devrait la rebaptiser
« la Croix des [Sa]pins de Noël à la Messe ».
Cet endroit était planté de chênes il y a quelques années.
Observez ce qui pousse à la place !
Les chênes disparus sont remplacés par du résineux.
Une belle allée que celle de la Maillardais.
Du moins, c’est ce qu’elle était !
SORTIE DE CHANTIER
EXIT les poussettes, vélos, promeneurs !
L’ONF s’est empressé de la faire gravillonner avec du gros gravier gris inesthétique
pour faire passer des engins de débardage et des camions de chargement du bois.
Sans parler de l’impact environnemental, c’est aussi une pollution visuelle.
Pendant le confinement de 2020
Un double discours
Interrogé par la presse (Ouest-France), l’ONF disait que la forêt a retrouvé son calme, les oiseaux sont paisibles, les animaux tranquilles, plus de promeneurs pour les perturber.
La nature reprend ses droits, que c’est chouette pour les chouettes qui y habitent… !
C’est occulter ce qui s’y passe dans certains endroits.
Tranquillement, loin des regards émotifs, tout un sous-bois de chêne est éclairci, débardé
avec des engins bruyants et destructeurs.
A cet endroit, on a relevé le tracé de deux voies romaines antiques
endommagées par de gros engins d’exploitation du bois. C’est bien triste.
Nous sommes sur la bonne voie…
Dans une émission de France-Inter du 07/09/21, j’ai entendu dire que la Chine,
notre usine à tout faire, a décidé de sanctuariser ses propres feuillus pour 99 ans…
avant qu’il ne soit trop tard.
Qu’attendons-nous pour faire de même ?









LORSQUE LA FORÊT DU GÂVRE DEVIENT… LA SAVANE GÂVRAISE !
En forêt du Gâvre, le paysage prend de plus en plus souvent des allures de savane africaine. La faute au changement climatique, encore et toujours ?
Non pas, mais la conséquence des méthodes de gestion forestière d’un ONF qui pratique sans ambages la coupe rase et la « régénération », lorsqu’il est jugé que l’heure de la récolte a sonné, puisqu’il s’agit bien d’exploiter une plantation d’arbres. Point ici de futaie irrégulière ou de forêt en libre évolution !
Et l’esprit, songeur face à pareil spectacle de vastes étendues rases « en pleine forêt », de dériver vers une vision de brousse autrefois lointaine, peuplée d’une faune assurément quelque peu différente de celle habituellement rencontrée sous nos cieux – une faune pour laquelle, hélas, les enjeux de biodiversité et de survie ne se posent pas avec moins d’acuité.
C’en est (presque) fini, désormais, de pouvoir aller faire un tour « dans la forêt du Gâvre », il va falloir s’habituer à dire « dans la savane du Gâvre »… !
- Cliché 1 : allée du Pont de Curun (parcelle 216)
- Cliché 2 : allée du Puits au Chat (parcelle 142)
- Cliché 3 : allée du Pont de Curun (parcelle 216)

Cliché 1 : allée du Pont de Curun (parcelle 216)

Cliché 2 : allée du Puits au Chat (parcelle 142)

Cliché 3 : allée du Pont de Curun (parcelle 216)

Cliché 1 : allée du Pont de Curun (parcelle 216)
L'usine à bois en photos
(fin 2019-2021)
Allée du Soulier
Décembre 2021

Allée de la Roberdais
2019-20
Sur le sentier des Chételons, "ex" sentier pédagogique.
octobre 2019



Un abattage "violent" qui laisse sur place, non seulement de grosses branches, mais aussi les morceaux de tronc blessés.
Parcelle 85, octobre 2019
Les ornières se forment peu à peu dans les chemins artificiels tracés tous les 20 m par les engins de coupe et de transport qui interviennent non seulement dans les parcelles de pins, mais depuis 2 ans dans les parcelles de feuillus où les coupes d'éclaircies sont effectuées.
Parcelle 83, octobre 2019


Des allées bordées de hauts murs de bois cisaillé, en longueur de 4 m, en attente d'enlèvement, pour finir en bois de chauffage.
Allée de La Magdeleine, octobre 2019
Les coupes rases sont destructrices de la biodiversité. Dans le Nord (forêt de Mormal) et l'Ile de France (Forêt de Senart et autres forêts franciliennes), l'ONF a cessé les coupes rases. La futaie irrégulière ou jardinée est plus respectueuse de l'environnement.


Le parcours de santé, des agrès qui s'écroulent et un chemin envahi par les ronces.
15 novembre 2019


Des troncs sont abandonnés sur le terrain et disparaissent peu à peu sous la mousse, les ronces et les fougères.
Allée de Curun, 29 novembre 2019
Des machines surpuissantes simplifient le travail d'abattage, mais font subir à la faune et à la flore forestières des dommages collatéraux considérables.
Novembre 2019
