UN S.A.P.
POUR LA FORÊT DU GÂVRE
En matière de schémas d’accueil du public, l’on pourrait multiplier d’autant plus aisément les citations de publications, d'articles, d'études et de références officielles comme les exemples de mise en œuvre de ce concept que celui-ci tend à se généraliser sur l’ensemble du territoire français, dès lors que les acteurs de territoire et l’ONF en viennent à faire le constat lucide que telle ou telle forêt de leur ressort est située à proximité d’un centre urbain, d’une métropole, et est fréquentée par un public nombreux dont les besoins et les attentes, voire les exigences, ne sauraient être plus longtemps impunément ignorés.
Pour bien commencer, le mieux est encore de lire ce que pensent les Amis de la Forêt du Gâvre de ce qui se prépare pour la seule forêt domaniale du département et pour l’ensemble de ses usagers et visiteurs.
Un accueil 5 étoiles en forêt ?
L’élaboration d’un Schéma d’accueil du public (S.A.P.) en forêt du Gâvre approche de son terme. Un SAP, c’est un comité de pilotage (ONF, Pays de Blain Communauté, Département) qui garde la main et arbitre entre les multiples propositions remontant des groupes de travail. Ceux-ci font la part belle aux associations (environnement, loisirs, sports, chasse…). Point de SAP qui vaille sans un zonage en trois zones : l’espace d’accueil (partie la plus fréquentée et grand public) ; la zone de découverte (partie intermédiaire « où le public peut se diffuser et emprunter les sentiers ») ; le cœur de forêt (partie la plus sauvage et préservée). Le SAP finalisé donnera lieu à un plan d’action pluriannuel. La grande idée : obtenir une fréquentation apaisée de la forêt pour éviter les conflits d’usage et, moyennant des équipements sérieusement rénovés et améliorés, contenter tous les types d’usagers.
Il y avait urgence à agir, la fréquentation croissant toujours et rendant plus aigus les conflits d’usage. Mais l’ONF entend poursuivre malgré tout l’exploitation forestière, source de l’essentiel de ses revenus, en appliquant encore et toujours des méthodes qui font peu de cas de la futaie irrégulière, du couvert continu, de la libre évolution. En continuant donc à couper les arbres les plus beaux, les plus hauts, les plus vieux au bénéfice de l’industrie du bois. Ces mêmes arbres qui font toute l’attractivité et la beauté d’une vraie forêt pour le public !
Si le souci de préserver et développer la biodiversité est volontiers mis en avant, singulièrement dans le cœur de forêt, ne nous leurrons pas. C’est aussi l’occasion de « sanctuariser » les zones jugées les plus indispensables à la poursuite de son exploitation, les plus lucratives, par une offre d’accueil qui maintiendra le public dans les zones les plus accessibles, régulera les flux, laissant les mains libres ailleurs pour exploiter « tranquille ».
Le SAP fait mine d’ignorer un autre écueil : les liens étroits et intéressés entre l’ONF et la chasse. Les chasseurs ne sont pas de simples usagers « comme les autres », pratiquant un loisir anodin. Ils assurent une part substantielle de ses revenus à l’ONF qui, en outre, les considère tout bonnement indispensables à la bonne gestion « durable » de ses forêts, faisant de la chasse « un prérequis pour planter les forêts de demain », « seule solution durable pour les plantations », « seul moyen durable de rétablir l’équilibre [forêt-ongulés]». Ah, si c’est « durable », alors ! Et de prendre prétexte du réchauffement climatique et des plans de reboisement massif (aux nombreux travers) pour établir des quotas de chasse excessifs, même pour les chasseurs ! Pas question de renoncer à des méthodes visant surtout à assurer les produits et les revenus futurs de « l’usine à bois »…
L’accueil du public en forêt ne saurait se limiter à un saut qualitatif : il est forcément indissociable de la manière dont sont gérées exploitation et chasse. Et bien accueillir le public, ce n’est sûrement pas, comme actuellement, chasser tous les jours et offrir, dès l’entrée en forêt et jusqu’en son centre, des successions d’espaces dénudés, aux arbres épars, plus évocateurs d’une savane que d’une belle forêt de feuillus multicentenaires.
En vérité, le SAP est devenu un prérequis à l’Aménagement forestier, indispensable précisément dans les forêts où l’accueil du public est particulièrement important : qui dit schéma d’accueil, dit forêt périurbaine/suburbaine. Comme un aveu de ce qu’est désormais la forêt du Gâvre, mais sans encore en tirer toutes les conséquences... Le gestionnaire ne peut plus se contenter d’ajuster a minima sa gestion, mais doit réellement franchir un cap et privilégier une gestion adaptée aux attentes des usagers – un changement de sylviculture qui permettra de répondre favorablement au besoin de pérennité du paysage forestier que les usagers apprécient et recherchent lorsqu’ils quittent la ville pour venir en forêt.
(texte paru dans le Bulletin municipal de la commune du Gâvre n°13 de janvier 2024, rubrique Vie Associative)
Nous aurons l’occasion de revenir encore et encore sur tous les aspects de ce schéma d’accueil du public en forêt du Gâvre au fil des divers développements auquel ce processus ne manquera de donner lieu.
Que nous nous préoccupions avant tout de ce qu’est un schéma d’accueil du public tel qu’il s’applique à une forêt domaniale, voilà qui ne nous dispense pas de voir comment ce même concept peut s’appliquer à d’autres types de boisements dont l’Etat n’est pas propriétaire.
Car si l’ONF est en charge de la gestion des forêts domaniales – ces forêts publiques qui relèvent du « domaine privé de l’Etat » –, il lui revient également de gérer un nombre important de bois et forêts appartenant aux autres entités et collectivités publiques – conseils départementaux, communautés de communes, communes… Faut-il s’étonner, dès lors, que l’ONF soit intéressé à valoriser et tirer parti de ses savoir-faire en la matière, en faisant offre de services à ses partenaires publics territoriaux ?
Documents ONF
Mémento
Concevoir des schémas d’accueil pour vos espaces naturels
(ONF, 2011)
https://i-cpc.org/wp-content/uploads/2018/03/ONF-2011-Gouvernance_Schema_Accueil_Public.pdf
Accueillir le public en forêt
Pour permettre à tous de profiter des loisirs en forêt, l’ONF réalise des aménagements adaptés et un entretien régulier des massifs dans le cadre de la gestion forestière. Une mission assurée en collaboration avec de nombreux partenaires locaux.
https://www.onf.fr/onf/lonf-agit/+/1c::accueillir-le-public-en-foret.html
Concevoir des schémas d’accueil pour vos espaces naturels
Votre territoire forestier sert à de multiples usages : production de bois, préservation de l’environnement, lieu de promenade, pratiques sportives. Pour garantir un équilibre harmonieux entre ces différentes activités, les schémas d’accueil permettent l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie globale d’accueil en forêt, en concertation avec les collectivités et les acteurs socio-économiques.
Préservation des forêts périurbaines : l’Etat et la Métropole du Grand Paris s’engagent aux côtés de l’ONF
Les forêts domaniales d’Île-de-France constituent un poumon vert très apprécié des Franciliens. Gérées par l’ONF, elles rendent de nombreux services : espace de détente et de loisirs, réservoir de biodiversité, source de bois pour l’industrie…
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Les forêts d’Île-de-France, connues pour la richesse de leur patrimoine culturel et historique, abritent aussi une biodiversité insoupçonnée dans une région très urbanisée. Le développement de la filière bois francilienne est par ailleurs redevenu une priorité régionale, tandis que les flux importants de population mobilisent au quotidien l’ONF. Objectif : concilier production de bois et préservation de l’environnement.
https://www.onf.fr/aux-cotes-des-territoires/+/78::onf-en-ile-de-france.html