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Des ministres très à l'écoute
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DES MINISTRES

« TRES A L’ECOUTE »…

 

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Après lecture et étude de la contribution du CESER des PdL concernant l’arbre et les haies, il ne reste plus qu’à espérer que les ministères les plus directement en charge de ces questions, le ministère de la Transition écologique et le Ministère de l’Agriculture, sauront agir à l’unisson des propositions ainsi formulées par le CESER et apporter la même attention volontariste à ces questions en prenant à bras le corps la problématique des haies avec les moyens de l’Etat. Gageons que l’on ne risque pas d’être déçu…

 

L’on sait en effet avec quelle redoutable efficacité le ministre Christophe Béchu déploie son action à l’Ecologie, fort d’un engagement de toute une vie et d’un impressionnant poids politique…

 

Mentionnons au passage la prestation récente du ministre de la Mer, Hervé Berville, qui, ne voulant pas être en reste sur ses petits camarades, s’est essayé avec bonheur aux mêmes méthodes (« Hervé Berville fait passer pour une victoire politique ce qui ne l’est pas, puisque le texte n’est pas contraignant »)1. Interdire le chalutage dans les aires marines protégées : que nenni ! Que 80 % des fonds marins côtiers soient considérés comme altérés, que le chalutage soit une technique « pas du tout sélective, [qui] détruit les habitats et est mauvaise pour le climat, car une grande quantité de carbone est stockée dans les sédiments », voilà qui n’est pas de nature à détourner M. Berville de son objectif : surtout ne pas engager la transition vers une pêche plus durable !

 

Quant à Marc Fesneau, l’actuel ministre de l’Agriculture, celui-ci n’apparaît-il pas comme l’homme de la situation, parfaitement armé pour répondre à tous les défis urgents de notre temps, alors que le changement climatique impose son agenda, que la biodiversité est en chute libre et que l’agriculture doit impérativement se réinventer ?

 

Ne devrait-on pas, déjà, lui savoir gré d’avoir pris la place d’un ministre qui était complètement inféodé à l’industrie forestière ?

 

Rappelons ici que son prédécesseur, Julien Denormandie, est ingénieur des Ponts, des Eaux et des Forêts de formation (un IPEF diplômé d’AgroParisTech), et qu’il a eu d’autant moins de difficultés à se montrer un ministre parfaitement aligné sur l’industrie forestière productiviste que son oncle, Laurent Denormandie, lui-même ingénieur forestier (ENGREF, HEDREA), préside l’une des plus importantes sociétés françaises d’exploitation forestière et de transformation du bois et qu’il est en outre une figure de poids de la filière bois (Fédération nationale du bois, France-Bois-Forêt, ONF). Non content d’être très en phase avec l’industrie du bois, Julien Denormandie a en outre oeuvré dans la plus parfaite tradition de son ministère, soit au plus près, là encore, des intérêts agroindustriels, totalement à l’écoute de la FNSEA, notamment en engageant (encore plus) résolument son ministère et l’Etat dans « la politique de la (méga)bassine ».

 

De notre point de vue, l’un de ses plus beaux hauts faits reste certainement son opposition déclarée, en juillet 2021 (avec dix autres ministres européens, tout aussi éclairés et progressistes), à un texte qui aurait permis de mieux protéger la biodiversité en imposant un minimum de frein à l’exploitation intensive des forêts, lequel texte devait être présenté devant la Commission européenne 2.

 

Mais c’est donc désormais M. Fesneau qui officie aux affaires agricoles et forestières. N’est-il pas, avons-nous dit – n’en déplaise à certains esprits chagrins qui trouvent toujours à redire – l’homme de la situation ? Que celles et ceux qui auraient l’idée saugrenue, pour ne pas dire l’outrecuidance, d’en douter se penchent seulement une seconde sur ses impeccables états de     service :

 

- Il fait ses premières armes professionnelles en travaillant pour une société de conseil auprès du ministère de l’Agriculture, puis (en 1996) pour la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher (au développement local, avant de devenir directeur dudit             développement) ;

 

- il vote avec succès en 2018, à l’occasion de la loi Egalim (loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous) contre des amendements qui auraient permis :

1) de prohiber l’élevage en cage des poules et des lapins (dans des conditions que l’on sait épouvantables – Et vive les poules pondeuses dans des cages riquiqui, les queues coupées et la castration à vif des porcelets, etc.) ;

2) d’assurer de meilleures conditions d’abattage des animaux exportés vivants (qui, on le sait tout autant, subissent d’effroyables souffrances lors de transports routiers et maritimes interminables, et notamment lors de leur déchargement dans les ports du Moyen-Orient) ;

3) d’installer systématiquement des caméras de surveillance dans les abattoirs (dont on ne sait que trop qu’y sont pratiquées toutes les dérives et les cruautés à l’endroit des animaux mis à mort comme des hommes chargés de les mettre à mort) ;

4) d’assurer l’offre systématique d’un menu végétarien dans les cantines scolaires.

 

- Toujours en 2018, il vote avec succès contre l’interdiction du glyphosate (pour 2021).

 

- Il défend la chasse, et ce avec d’autant plus d’ardeur décomplexée qu’il en est un pratiquant avéré ;

- Non content de défendre la chasse et de la pratiquer, il s’est affiché en parfait défenseur de sa pratique la plus contestée, la chasse à courre (tribune du 09/05/18)3 ;

 

- Pour faire bonne mesure, il n’a pas manqué d’apporter un soutien sans faille à la corrida et donc de s’opposer à son interdiction (08/11/22) ;

 

- Il soutient pleinement – sans réserves, peut-on dire – les réserves d’eau, et donc la politique de recours aux bassines et mégabassines – et n’a pas manqué de dérouler avec un zèle admirable l’argumentaire (certes des plus prévisibles) en leur faveur à l’occasion des évènements de Sainte-Soline ;

 

- Et enfin (en attendant la suite) il n’a pas manqué de profiter de sa présence au congrès annuel de la FNSEA (fin mars 2023) pour caresser davantage encore dans le sens du poil (comme si cela était possible…) les tenants du modèle agroindustriel productiviste en annonçant (alors que dans le même temps le président de la République annonçait sa politique de l’eau, laquelle, curieusement, fait largement l’impasse sur l’aspect agricole du problème) sa volonté de revenir sur l’interdiction du S-métolachlore et de demander à l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments, de l’environnement et du travail) de réévaluer cette interdiction (du jamais vu !)4, conscient sans doute qu’il doit tout de même être possible de faire encore un peu mieux dans la contamination généralisée des nappes phréatiques par ce produit et ses divers métabolites en France (et en Europe) – y compris dans le pays de Blain.

 

Marc Fesneau, c’est vraiment le rêve des lobbyistes de la chasse, de la FNSEA et de tous leurs semblables : le succès leur est garanti, et garanti sans effort !

Et au moins, avec de tels ministres, l’on n’est jamais déçu.

L’on sait non seulement où l’on va, mais aussi que l’on y va tout droit (… dans le mur, bien sûr).

 

Les écolos tendance optimistes invétérés (ça doit bien pouvoir se trouver) peuvent toujours tenter de se rassurer en se disant qu’en tant que chasseur maniant non seulement le fusil, mais aussi l’arc et les flèches (si, si !), M. Fesneau mérite d’être rattaché à l’immémoriale lignée des chasseurs-cueilleurs, ces « survivalistes » des temps anciens d’avant l’agriculture triomphante où, dans une Nature encore quasi vierge, tous les hommes étaient (tout bien considéré) des écolos sans le savoir !

 

Preuve que le systématisme, aussi étonnant qu’alarmant, à l’œuvre dans les pratiques et comportements de nos ministres est devenu un vrai sujet de préoccupation, cette chronique du Monde (10/04/23)5 dont le titre était on ne peut plus parlant :

Ecologie : « Il devient difficile de ne pas rire devant une telle accumulation de subterfuges de la part du gouvernement ».

 

 

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1. L’article n’est plus accessible, mais sur le même sujet cet autre article :

https://www.lemonde.fr/economie/article/2023/04/03/chalutage-de-fond-les-pecheurs-francais-ont-gagne-a-bruxelles-la-technique-est-maintenue_6168040_3234.html

 

2. https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/10/le-ministre-de-l-agriculture-rallie-le-camp-des-defenseurs-d-une-exploitation-intensive-des-forets_6087840_3244.html

 

3. https://www.chassons.com/chasse-en-france/de-reduction-permis-de-tuer-collectif-chassons-repond-a-celui-de-liberation/62281/

 

4. https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/03/preserver-l-expertise-scientifique-de-l-ingerence-politique_6168080_3232.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Twitter&s=09#Echobox=1680526766

 

5. Une chronique signée Stéphane Foucart. Le chapeau de l’article : « Les mesures annoncées ces dernières semaines pour la préservation de l’environnement et de la santé ne reposent sur aucune contrainte réglementaire et favorisent sans le dire le laisser-faire, estime dans sa chronique Stéphane Foucart, journaliste au Monde ».

https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/04/10/ecologie-il-devient-difficile-de-ne-pas-rire-devant-une-telle-accumulation-de-subterfuges-de-la-part-du-gouvernement_6168907_3232.html

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